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Coronavirus / Commerce : perturbations de la chaîne des approvisionnements et légère baisse de l’activité
Publié le : 2020-03-15
Le commerce est-il vraiment touché par les implications de la propagation du Covid-19 dans le monde et dans quelle mesure? D’après l’enquête sommaire de La vie éco, les avis divergent. En gros, une majorité de sondés s’accordent sur le fait que l’impact sur les commerçants est inévitable bien que difficilement mesurable, tandis que d’autres opérateurs et officiels rapportent un effet très peu visible sur les affaires. «Nous n’avons pas de chiffres exacts relatifs à l’effet du Covid-19 sur le commerce et les services», souligne d’emblée Bouchra Outaghani, présidente de la Fédération du commerce et des services (FCS) de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Elle informe que des remontées des membres de la fédération indiquent que la perturbation de l’activité est bien là. La présidente de la FCS laisse entendre un effet baissier de l’activité qui a été rapporté par quelques opérateurs membres de la fédération, notamment ceux qui importent directement des pays touchés par le Covid-19. D’autres négociants ont relevé des retards sur les deux premiers mois de l’année dans le traitement portuaire des importations en provenance de Chine. Ce qui n’est pas sans avoir une incidence sur leur business. Mme Outaghani insiste sur le fait que l’ampleur de cet impact n’est pas évaluée à ce jour. «Les commerçants qui importent de Chine ont dû s’adresser à d’autres fournisseurs pour continuer leur activité de négoce sans trop être pénalisés par la perturbation», confie-t-elle. La responsable informe qu’elle a prévu une tournée au niveau du réseau de commerce de la grande distribution, dans un premier temps, pour s’enquérir de près sur l’effet éventuel du Covid-19 au niveau des supermarchés et des hypermarchés sur le terrain. Pour Saad Hamoumi, économiste et consultant senior, il y a un impact certainement sur le commerce au vu des liens et des échanges commerciaux avec les fournisseurs chinois et ceux des pays européens dont plusieurs ont été également touchés avec des degrés différents. «Des milliers de conteneurs et de produits chinois et ceux venus du reste des pays touchés ravitaillent les marchés locaux. Actuellement, plusieurs usines ne travaillent plus de l’autre côté et ont cessé de produire. Ce qui veut dire que les commerçants n’auront plus la marchandise ou l’auront avec des volumes réduits. Par conséquent, les prix vont augmenter face à la rareté des fournisseurs et l’on assistera à un renchérissement des prix de plusieurs produits», schématise le consultant. Cet impact, qu’on n’arrive pas à évaluer encore, sera important parce que les autres crises sanitaires passées (SRAS, Ebola, etc.) étaient confinées à une zone géographique bien délimitée avec très peu de propagation à l’extérieur ( Moyen-Orient, Afrique, Asie…). «Dans le cas présent, le problème de santé publique a touché plus de 75 pays dans les cinq continents et a provoqué de très grandes inquiétudes sur plusieurs marchés», détaille M.Hamoumi. Pire, les partenaires favoris du Maroc en matière d’échanges commerciaux sont sérieusement concernés. L’effet du Coronavirus sur le commerce «dilué» dans une crise plus profonde Une chose est sûre : la crise est bien installée dans le commerce depuis deux à trois ans déjà. Donc, si effet du Coronavirus il y a, il est venu aggraver davantage le ralentissement et le marasme. D’autant plus qu’il est dilué actuellement dans l’environnement général ambiant pas très porteur. A l’unanimité, les commerçants sondés utilisent des superlatifs alarmants pour décrire la mauvaise posture qu’ils passent. Un semi-grossiste de jouets pour enfants dont 95% des fournisseurs sont chinois évoque un quasi-gel des transactions depuis un an déjà ! Dans l’électroménager, les opérateurs sont aussi très préoccupés par une conjoncture peu favorable depuis 2016. Signe de cette mauvaise passe, environ 3 000 faillites ont été enregistrées dans le secteur du commerce en 2018, toutes branches confondues. Un grossiste de produits alimentaires affirme qu’il s’est trouvé confronté début février à des ruptures de stocks en raison de la concentration de ses approvisionnements sur deux fournisseurs chinois. De plus, dans une configuration de raréfaction des produits et marchandises, un effet haussier sur les prix a commencé à se sentir chez lui, ainsi que chez plusieurs négociants de la même filière. L’impact rapporté généralement dans le commerce émane ou bien de fournisseurs chinois qui ne livrent plus ou d’importations qui attendent au niveau des points d’entrée portuaires pour s’acheminer vers les commerces. Pourtant, une source bien placée chez un opérateur portuaire exploitant le port de Casablanca informe qu’aucune directive pour un traitement particulier ou une quelconque mesure de précaution pour la manipulation des conteneurs venus de Chine, d’Italie, de Corée du Sud ou d’Iran n’a été donnée. Interpellée sur l’impact du Covid-19 sur l’activité commerciale, notre source tranche qu’aucun effet, anodin ou d’envergure, n’a été observé. «Au contraire, le trafic de conteneurs est en augmentation de 12% sur les deux premiers mois de l’année», informe-t-elle. Et d’ajouter qu’il s’agit plus de psychose qu’autre chose. Sur cette hausse de trafic, Mme Outaghani semble très réservée. Elle relève que l’analyse doit être plus fine et nuancée en écartant l’effet probable de la saisonnalité et en comparant les hausses de trafic des périodes concernées des années précédentes. En dehors de l’impact de court terme, la vigilance reste de rigueur. «Il ne faut surtout pas céder à la psychose», s’accordent à prévenir les sources sondées. Pour la présidente de la Fédération du commerce et des services, la sensibilisation à travers une communication vulgarisée qui s’adresse à toutes les couches de la société et qui soit comprise et bien assimilée par le grand public est salutaire, pour le secteur et l’économie en général, dans la conjoncture actuelle. Source : lavieeco